Les héros, des personnages fades ?

Bonjour à tous ! Je reviens pour un article sur les personnages ! Je crois sincèrement que ce sujet est une manne sans fin qui mérite d’être étudiée et exploitée ! Sur ce, j’ai repris ma blouse d’exploratrice du monde de la fiction pour vous proposer ma petite analyse personnelle sur un nouveau sujet.

Cela fait quelque temps que je vois ma moitié jouer au nouveau jeu vidéo Star Wars : Fallen Order. Celui-ci semble très bien. Mais apparemment, un point ressort particulièrement : «  le héros est fade ».

Je n’ai pas encore joué à ce jeu, je compte le faire, mais ayant observé la partie de ma moitié, effectivement, ce pauvre Cal manque cruellement de charisme. Pourtant de ce que l’on m’a dit, l’histoire est intéressante. Mais voilà, le héros est lisse.

Je me suis penchée sur ce point, et j’ai trouvé un article sur le site Hitek disant que si le choix du protagoniste s’est porté sur un personnage masculin, cela serait «  à cause de Rey » :

«  Connu pour son travail sur la série God of War chez Santa Monica Studio, Stig Asmussen se trouve désormais du côté de chez Respawn, où il a la charge du prochain jeu de la saga Star Wars : Jedi Fallen Order. Récemment, le directeur du jeu réalisait une interview au micro de Game Informer. L’occasion pour Asmussen de répondre à diverses questions, l’une d’entre elles portant sur Cal Kestis, le héros principal de cet opus. Initialement, le studio avait une autre idée en tête, celle d’un protagoniste alien, ou d’une héroïne, des idées écartées, notamment à cause de Rey : 

“Nous sommes arrivés là où nous sommes parce que, à un moment donné, Rey était un gros point pour Star Wars. Donc pour nous, avoir un protagoniste masculin avait beaucoup plus de sens.”

Si Respawn a évincé l’idée du protagoniste féminin, c’est sans doute pour éviter de faire de l’ombre à Rey.  »

(«  Jedi Fallen Order : si le protagoniste est un homme, c’est à cause de Rey, Hitek, https://hitek.fr/actualite/jedi-fallen-order-protagoniste-homme-rey_20022)

C’est un choix. Même si avec du recul je me demande comment un personnage féminin doit forcément faire de l’ombre à un autre. Est-ce que cette question se pose également pour les personnages masculins ? Sincèrement vu le nombre de personnages masculins dans une licence, jamais il n’est venu à l’esprit qu’ils pourraient se faire de l’ombre où que cela soit gênant en soi. Des personnages féminins ne sont pas toujours en concurrence. Malheureusement, cette image de l’éternelle rivalité féminine demeure encore dans les esprits, *sigh*.

sigh

Allons bon, Franci, dans l’idée, moi je m’en fiche que ce soit un homme. Ce qui m’intéresse là-dedans, c’est pourquoi a-t-il aussi peu de charisme ?

En y réfléchissant, cette question pourrait se poser à un bon nombre de personnages principaux dans les médias. Pourquoi les héros manquent-ils de personnalité, de charisme ? Doivent-ils être lisses pour que l’on puisse s’identifier à eux ? Tu ne rêves pas Francine, nous partons dans une analyse de sujet, sort tes doubles feuilles à grands carreaux, nous allons disserter !

1) La symbolique du héros.

Qu’est-ce qu’un héros, une héroïne ? Pour le savoir, on va demander la définition au dictionnaire. Voici ce que l’on trouve sur le site de «  La langue française » :

« HÉROS, HÉROÏNE1, substantif

I. − Héros, substantif masculin

A. − MYTH. Être fabuleux, la plupart du temps d’origine mi-divine, mi-humaine, divinisée après sa mort. Synonyme demi-dieu.

B. − Personnage légendaire auquel la tradition attribue des exploits prodigieux. Les étudiants de Gœttingue qui étaient là, pensaient aux héros des Niebelungen, aux personnages des légendes du Rhin (Péladan, Vice supr.,1884, page 155). Les légendes irlandaises aiment à opposer Ossian, chantant les héros, les guerres, les chasses magnifiques, etc., à saint Patrice et à son troupeau psalmodiant (Renan, Avenir sc.,1890, page 520). La longue épopée des héros d’autrefois, contée en d’innombrables chansons de geste (Faral, Vie temps Saint-Louis,1942, page 114).

II. − Héros, héroïne1, substantif

A. −

1. Homme, femme qui incarne dans un certain système de valeurs un idéal de force d’âme et d’élévation morale.

Dans ces définitions, la notion de personnages grandioses, ayant réalisé des actes glorieux, demandant du courage et de l’abnégation est mise en avant. Ce sont des êtres qui poussent à l’admiration, assimilés dans la mythologie au divin par leur affiliation. Il y a donc une distanciation entre les personnes du commun et les héros et héroïnes. À nos yeux, ils sont ce que nous ne sommes pas. Et pour des médias comme les films, les séries et les romans, l’on a envie de faire rêver, certes, mais également que le lecteur ou spectateur se sente impliquer.

Pour cela, il faut donc trouver un juste milieu. Il faut que le personnage principal soit exceptionnel, qu’il réalise des actes héroïques, que sa vie soit tout sauf banale. Mais il faut également qu’il soit comme nous, qu’il ait des émotions, des défauts, des moments de faiblesse. C’est dans ce difficile équilibre qu’aujourd’hui, les créateurs doivent composer.

hero

En fonction des médias, les personnages principaux peuvent être plus ou moins complexes. Dans un roman, il est plus évident de développer la personnalité d’un personnage que dans un film, étant donné que l’on raconte bien plus de choses en 400 pages qu’en deux heures. Pour les jeux vidéos, c’est encore une autre histoire. Le joueur doit pouvoir se projeter dans son « avatar », voir pouvoir le personnaliser comme le proposent plusieurs jeux. Il est donc plus compliqué de faire un héros ou une héroïne avec une personnalité bien marquée vu qu’elle doit correspondre au plus grand nombre.

Cela dit Franci, je suis intimement persuadée que malgré les contraintes, l’on peut réussir à combiner personnage accessible à tous et possédant sa palette propre d’émotions, de défauts et de qualités. Il n’y a qu’à voir des jeux vidéos comme Mass Effect, où malgré le fait que Shepard soit très personnalisable, il/elle possède des traits reconnaissables et n’est certainement pas fade comme un petit-suisse.

shepard

« Ai-je une gueule de petit-suisse? La vie a t-elle un sens sans petit-suisse? »

Pour cela, à mon sens, il est important de se souvenir qu’un personnage doit être créé et pensé comme un être à part entière et non pas comme une composante servant l’histoire et devant correspondre à une charte.

 

2) L’importance du personnage principal dans son histoire

C’est quoi une histoire ? Rassure-toi Francis, je ne vais pas te fournir une définition, j’estime que tu sais ce que c’est. Mais je vais quand même approfondir ce point, car un personnage sans histoire, et bien c’est triste. Une histoire, un récit, nous fait découvrir une autre trame que celle dans laquelle nous vivons actuellement. Car concrètement, nous sommes tous les héros et héroïnes de notre propre histoire. Oui, je sais, c’est beau.

Depuis l’aube des temps, l’être humain eut le besoin d’écouter et raconter des histoires. Sans doute pour oublier son quotidien, pour rêver, pour apprendre, pour en tirer une leçon. Un personnage principal fait vivre cette histoire. L’on découvre celle-ci à travers ses yeux et ses expériences. Si par le passé il se devait d’être vertueux, bienveillant et sans défauts, notre vision du monde a changé et l’on apprécie davantage des héros nuancés, même si certaines tendances demeurent.

Le personnage principal est donc un modèle, l’on s’identifie à lui tout comme on cherche à lui ressembler, pour nous élever nous-mêmes le temps de la découverte d’une trame, d’un récit, qui nous déconnecte de notre propre histoire.

Mais comment nous identifier à un petit-suisse ? (Oui, j’aime cette image du petit-suisse). C’est vraiment une question que je me pose :

À trop vouloir lisser un personnage pour le rendre accessible à tous, ne devient-il pas inaccessible ?

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« Tu reprendras bien une bouchée de personnage insipide? »

Car sincèrement, personne ne ressemble à un être tout le temps calme, tout le temps bienveillant, tout le temps souriant, qui a réponse à tout et qui sait toujours où il va. Je ne prends pas forcément Cal pour exemple, n’ayant pas joué à Fallen Order, je ne peux parler en détail de ce personnage. Mais cette problématique existe dans d’autres cas. Des personnages trop parfaits, trop lisses, on ne s’y identifie pas.

Tout simplement parce qu’on a tous nos moments où nous sommes perdus. On a tous nos moments de peine, de colère. J’aurais énormément de mal à suivre un jedi parfait selon le code jedi de l’Ancienne République, car franchement il me taperait sur le système. Je préfère de loin un Kylo Ren, qui en a bavé, plutôt qu’un bon petit jedi qui n’a jamais flanché de sa vie.

Un bon personnage pour moi fait parler de lui, divise les fans, car tout le monde ne peut être d’accord avec tout ce qu’il fait. Sans aller jusqu’à la guérilla, bien entendu, on peut débattre en bonne entente et dans le respect (et tout le monde a le droit à son opinion sans aller menacer l’autre, je vous prie). Bref, un personnage, on peut le détester, l’apprécier, l’idolâtrer, c’est le signe au moins qu’il est un minimum travaillé (sauf quand il est vraiment incohérent, ça, ça arrive aussi.).

C’est ce qui fait toute sa saveur, quelque part, et un créateur peut être fier lorsqu’il arrive à attirer l’attention de son public sur son personnage.

3) Un personnage principal, le miroir de son créateur ?

En parlant de créateur, je crois qu’il est important de mettre en avant ce point : un personnage principal n’est-il pas le miroir de son créateur ? En tant qu’autrice, c’est une question que je me suis souvent posée. Mes personnages principaux ont tous un peu de moi. On ne va pas se mentir. L’on projette, lorsque l’on créer, toujours une part de soi, plus ou moins grande.

Souvent, dans ce processus, l’on essaye de projeter une part de soi sublimée. Ce que l’on désire être, notre version améliorée. À l’excès, cela peut donner ce que l’on appelle les Mary sue et Gary sue. Un personnage idéalisé, une copie de nous-mêmes en dix fois mieux, qui n’est pas crédible, pour le coup.

marysugarysu

« Hello, je suis Mary Sue et lui c’est Gary! »

C’est pour ça que c’est difficile pour un créateur. L’on essaye toujours de faire des personnages qui ne nous ressemblent pas, mais il y aura toujours des touches de notre personnalité sans qu’on le veuille. Et sincèrement, qui a envie de créer un personnage que l’on n’aime pas en héros ou héroïne principale ?

D’ailleurs, c’est souvent pour cela que les personnages secondaires sont plus spontanés et attachants. Lorsqu’on les créer, l’on a moins la pression que pour le héros de l’histoire. On se lâche plus, on met davantage des traits que l’on n’aurait pas osé mettre dans ce personnage si chouchouté qu’est le héros.

Maintenant comme je l’ai dit, il est complètement possible, avec tous ces paramètres, de faire un personnage principal intéressant, tout en le rendant accessible et héroïque.

Il suffit de ne pas oublier qu’il reste un individu complet et de ne pas chercher à plaire à tout le monde. À ce petit jeu, crois-moi Franci, personne n’y gagne. Tu veux plaire en faisant une femme forte qui ira casser des méchants ? Tu auras des mécontents qui préféreront un homme, ou une femme plus calme. Tu fais un personnage masculin combattant, on te dit que c’est trop mainstream. Tu fais une femme calme ? On te dit que ce personnage est soumis et ne sert à rien. Tu fais un personnage qui n’est pas dans la norme ? C’est la pluie de commentaires assurée… Au bout d’un moment, si l’on écoute tout le monde, notre personnage finit par devenir insipide, plat et sans personnalité propre.

Je comprends totalement la peur de ne pas plaire à son public. L’on vit dans un monde ultra connecté où tout le monde peut avoir son mot à dire. Mais un créateur doit garder en tête l’idée de faire quelque chose qui le transporte, lui plaise un minimum. Alors je n’ai qu’un conseil : faites les personnages que vous avez envie de faire. Ils trouveront forcément leur public. Et c’est comme tout, on ne peut plaire à tout le monde, l’essentiel c’est que nos créations nous soient plaisantes.

 

Conclusion

La problématique des personnages fades vient en réalité de la volonté de correspondre au plus grand nombre, dans l’idée qu’un héros ou une héroïne se doit d’être à la fois un modèle et un reflet pour le lecteur. Or l’on sait tous que les personnages qui nous marquent le plus sont ceux qui sont totalement eux-mêmes et qui ne plaisent pas à tout le monde.

J’espère que cet article vous aura plu. N’oubliez pas, je n’ai pas la science infuse et je n’ai fait que donner mon avis. N’hésitez pas à débattre en commentaire, bien entendu dans la bienveillance et le respect, sinon je supprimerais tout commentaire insultant.

kyloapprove

À bientôt Franci, Francine et Francis !

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